En janvier, sans crier jour 13 - ce soir, la patience jusqu'au bout, ou presque.

Ma grande est fatiguée en fin de journée. Tous les jours, quoiqu'il arrive, et cela se traduit par un très fort besoin d'attention de ma part, qu'il m'est difficile de lui accorder en exclusivité (heure du repas etc). Les après-midi où il n'y a pas d'école, comme aujourd'hui, j'essaie vraiment de lui accorder du temps, des câlins, des histoires, des rires et des chatouilles, on invite ou elle est invitée chez une copine, pendant que le grand poursuit ses activités sportives et que le bébé s'occupe à ses affaires de bébé. Mais rien n'y fait, elle est fatiguée, affamée, irritable et en général cela se finit avec des larmes, des cris, des coups (de sa part, je tiens à préciser).

Ce soir, avec le planning, elle a retiré ses chaussures et son manteau, les a rangés, et après plus rien. J'ai tenté de la motiver en disant qu'on pourrait la prendre en photo en pyjama pour mettre la photo sur le planning. Mais non, elle ne pouvait plus faire l'effort. J'ai donc décidé de la laisser se requinquer, comme on dit chez nous, et de remettre ça après le dîner. 

Le dîner ... ô joie! Des pâtes. Ils se sont mis à prendre une pâte entre les lèvres, la laisser pendante et secouer la tête. Très drôle, surtout quand la pâte s'échappe et atterrit par terre. Morts de rire. Eux ... pas moi. J'ai beau (vouloir) devenir bienveillante et donner la priorité à l'épanouissement de mes enfants par rapport à la propreté de ma cuisine (comme conseillé par Isabelle Filliozat dans son livre magnifique Au Coeur des Émotions de l'Enfant), il y a des limites (comme expliqué dans le même livre, d'ailleurs). Donc je souris, par compassion, et j'annonce : "pas de problème, si vous ramassez les pâtes ensuite." Mon grand s'arrête tout de suite. Ma chipie continue. Le bébé l'imite, en pire, cela va sans dire. J'enfonce le clou: "il faudra aussi ramasser les pâtes du bébé." Ma grande se calme un peu, et continue de manger tranquillement, le bébé aussi. Elle a mis le temps, mais elle a fini toute son assiette, fait assez rare pour la quantité qu'elle s'était servie (ah oui, elle s'était servie seule). "Ah, je ne suis plus du tout fatiguée!" dit-elle, ravie.

Et elle sort de table. Elle va jouer. Sans avoir ramassé ses pâtes, et sans avoir mis son pyjama .... là, il faut que je fasse quelque chose, mais je ne dois pas m'énerver, me dis-je. Je vais donc la trouver, et je lui explique que nous avons passé un marché car je pensais pouvoir lui faire confiance, et que si je dois prendre le temps de ramasser ces pâtes, je n'aurai pas le temps de lui raconter une histoire, et que je trouve cela dommage car c'est un moment que j'aime bien, mais tant pis, et je m'en vais changer la couche de mon chenapan de bébé. Au bout de 30 sec, j'entends la porte du placard du couloir qui s'ouvre, et elle me dit "j'ai besoin de la pelle et la balayette pour ramasser les pâtes dans la cuisine!" et elle y va. Ooooh quelle jolie victoire!

Victoire sur elle, peut-être, et sur moi surtout. Si je m'étais fâchée à l'étape du pyjama, ou l'étape des pâtes, ou encore celle du nettoyage, s'en serait suivi un conflit, des larmes, elle aurait claqué la porte, tapé son frère (le premier qu'elle aurait trouvé sous la main), j'aurais du soit la forcer à ramasser les pâtes, ou elle y serait allée en faisant du bruit, en balançant quelque chose contre le mur, ou j'aurais du le faire moi-même, bref, c'eut été un mauvais moment. Mais là, elle a tenu son engagement, de son plein gré, et m'a rendue fière d'elle, et m'a récompensée de ma patience. 

Reste le pyjama. Là, j'avoue, je me suis un peu fâchée, mais elle a fini par le mettre et est allée se coucher à l'heure. Je crois qu'elle s'est endormie en 3 secondes et demi, mais après un gros câlin ("Tu es la plus gentille des mamans, Maman") ... et sans crier.